dimanche 8 mai 2011

Du tanka de Saint-Germain-Des-Prés

    Au ciel des lampions
Vermillons d'un vif éclat
    Café Bonaparte
Vers la rue de l'Abbaye
Je ronfle aux confins du bourg                                  

Oui, nous sommes bien à Paris, à Saint-Germain-Des-Prés précisément, emmenés par Nicolas Grenier qui a le talent de saisir le merveilleux au cœur de l'ordinaire et de l'insignifiant. C'est sous la forme du tanka qu'il évoque ses flâneries. Ces ici-et-maintenant qui, selon M. Pinguet, sont ces instants "où la vérité s'exonère du sens en un rire muet".
Le tanka est ce poème court japonais qui consiste en cinq vers de 5, 7, 5, 7 et 7 syllabes et qui a donné naissance au haiku. J'y avais fait allusion dans ce blog au sujet de Machi Tawara et avec Nicolas Grenier je viens de découvrir un tanka bien parisien rue Visconti, rue Jacob, L'Odéon... et la même légèreté, la même musique des sens que le tanka japonais. Nicolas Grenier a su trouver la "forme juste" pour ses poèmes comme le dit Barthes dans L'empire des signes à propos du haiku "... le haïku n'est pas une pensée riche réduite à une forme brève, mais un évènement bref qui trouve d'un coup sa forme juste."
                                  
   A rue Visconti
Je compte du bout des doigts
   Hôtel Bel Ami
Quatre étoiles et demi-
Soupir en suite junior

Son recueil Quant à Saint-Germain-des-Prés, trente et un tanka sur la main d'après paraîtra en juin 2011 aux Editions du Tanka francophone. Préfacé par Jean Orizet de l'Académie Mallarmé, il nous promet de jolis moments de grâce...

   Rue de l'Echaudé
Ô Rhumerie des Louville
   Minuit en zigzag
Au carrefour Mabillon
C'est l'hiver dans le ciel rose


Tous les tanka cités sont extraits du livre. Ils sont reproduits avec l'aimable autorisation de l'auteur.
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