dimanche 13 novembre 2011

yowayowa

         Quelle jolie découverte, merci Véronique, que cette Amélie Poulain japonaise.
                               
                                               
Yowayowa est le journal de la photographe Natsumi Hayashi qui fait son autoportrait de façon  ingénue au quotidien dans les rues de Tokyo, dans le métro, chez elle... toujours suspendue dans les airs.
C'est surprenant et plaisant, ses photos légères et insouciantes nécessitent néanmoins un grand travail et une grande précision de la part de l'artiste qu'est Natsumi Hayashi. Elle publie donc sa lévitation du jour sur son blog. Chacune d'elle est une prouesse technique dont elle n'hésite pas à donner les ficelles, pour ma part je préfère les ignorer, cette part de mystère m'est indispensable pour n'en retenir que la poésie.   









                                           

mardi 8 novembre 2011

Michel Pastoureau

   Par ce temps de grisaille, j'avais envie de couleurs et qui peut en parler mieux que Michel Pastoureau?
Michel Pastoureau est historien, spécialiste d'héraldique, de l'histoire des couleurs , des emblèmes et des symboles. Il a publié une quarantaine d'ouvrages tous plus passionnants les uns que les autres, souvent magnifiquement illustrés.
Les couleurs de nos souvenirs est un très joli livre dans lequel il se raconte par la couleur en nous proposant son journal chromatique, comme il le définit lui-même, de 1950 à 2010, date de sa parution. Différent des études qu'il a publiées antérieurement, ce journal est un voyage au pays des souvenirs. Que reste-t-il des couleurs de notre enfance? Le Je me souviens de Pérec n'est pas loin et quel plaisir! Cette balade est la sienne certes mais aussi la nôtre. Quels sont les rapports entre couleurs et société? Quels sont les changements, quelles en sont les permanences? Le "bleu jean", le "beige Mitterrand", le "vert administratif", comment la couleur s'inscrit-elle dans le champ de la mémoire? C'est en mêlant souvenirs personnels et digressions savantes, observations et anecdotes que l'auteur retrace l'histoire des couleurs en France et en Europe dans la seconde moitié du 20ème siècle. Il y analyse avec justesse et finesse la façon dont la couleur se fixe dans notre mémoire, cette couleur est-elle réelle ou imaginaire? Ce journal poétique est nostalgique assurément mais nous invite à de charmants rêves colorés.
" Définir la couleur n'est pas un exercice facile" nous dit-il et pourtant il y excelle!

                                                              

                              Quelques uns de mes titres préférés chez Michel Pastoureau
        





                                                                     
                                                                   

Une Dollfie pour Noël...


 C'est en effet un bien joli cadeau! Une Dollfie, contraction de doll et de figure, n'est pas une poupée ordinaire. Introuvables en France, elles font fureur au Japon. Nous sommes loin des poupées de porcelaine et Barbie en est une cousine éloignée. Elles ne sont pas en vente dans les  magasins de jouets. Ces poupées de collection haut de gamme destinées aux adolescents et aux adultes sont entièrement personnalisables. Onéreuses (pas moins de 200 euros pour un modèle de base, sans yeux et sans cheveux, au 1/3 soit 60 cm, par exemple), ce sont des BJD (ball-jointed doll), des poupées en résine polyuréthane articulées en treize points. La Dollfie et la Super Dollfie, marques déposées, ont été créées par la société japonaise Volks en 1999. Cette marque est la société leader du marché mais de nombreux fabricants proposent des BJD, souvent appelées Dollfie, devenu terme générique. Leurs tailles varient de 10 cm à plus de 80 cm. Elles sont vendues nues, il faudra choisir sa perruque, ses yeux, son maquillage. Le choix est immense, plusieurs corps de femmes, d'hommes, d'enfants ou d'adolescents, classiques ou fantaisistes (vampires, visages de chats...). Chaque poupée créée par son propriétaire devient un modèle unique avec son identité propre. Les plus passionnés baptisent leur créature, lui écrivent une histoire personnelle, la photographient en situation et partagent ainsi leur passion entre amateurs. La panoplie de vêtements est très raffinée: classique, gothique, sweet-lolita, casual, urban street et également des modèles basés sur des héros de mangas, etc... Les vêtements et les accessoires, lunettes, souliers, bijoux, instruments de musique, vélos, meubles... sont reproduits à la perfection avec un tel souci du détail qu'ils méritent eux aussi d'être examinés de près. Rendre sa poupée plus vraie que nature demande un tel investissement de temps en recherche et documentation que les amateurs de Dolls en arrivent parfois à s'isoler, à se marginaliser comme certains geek ou otaku au sein d'une communauté restreinte. La frontière entre le réel et l'imaginaire est ténue, bien entretenue par les fabricants qui mettent régulièrement en place des events interdits aux non initiés! où les propriétaires peuvent confronter leur travail.  

                                  Voici les photos du magasin de la marque Azone à Akihabara, Tokyo.






                               
         
            Sur le site de Danny Choo, vous pourrez voir davantage de Dollfie, en voici quelques unes...
         



                                 
                                                                                     
                                 
                                   
Pour une poupée vraiment unique, la société Clone Factory, société d'impression en 3D sise à Tokyo, toujours dans le quartier d' Akihabara propose des poupées... à votre effigie! une séance de pose et votre visage est numérisé sous tous ses angles par plusieurs caméras, ensuite il sera imprimé en 3D puis recouvert d'une couche de polymère.  Sur le site de Clone Factory vous pourrez voir à quel point le résultat est stupéfiant en comparant les visages des jeunes femmes: ce système a un grand succès auprès  des japonaises qui veulent garder un souvenir de leur mariage...


                                               

lundi 17 octobre 2011

Le petit monde de Christopher Boffoli

      Que se passe-t-il dans une cuisine dès que l'on a le dos tourné? Christophe Boffoli l'a imaginé et photographié. Et c'est tout un monde lilliputien qui se met en marche, des hommes grenouilles qui plongent... dans une tasse de thé, là ce sont des enfants bien emmitouflés  qui se lancent des boules de neige...chantilly, des cyclistes pédalent sur une... banane, une dompteuse d'otaries au milieu de... marshmallows, des ouvriers dans une carrière de... chocolat. Toute une série de photos colorées, vives et gaies, pleines d'humour que l'on voit et revoit avec plaisir. Voici quelques photos extraites de la série Disparity de cet artiste américain, journaliste, photographe, réalisateur, écrivain.









                                                 
        La série complète de clichés se trouve sur son site ainsi que de très beaux portraits dans son portfolio professionnel                               http://cjboffoli.500px.com/         
                                                             

jeudi 13 octobre 2011

Le mur de Nicolas Bouvier

"Le voyageur", écrit Nicolas Bouvier, "vit d'instants volés, de reflets, de menus présents, d'aubaines et de miettes."
                                           
  En 1956, à Tokyo, certains jours, Nicolas Bouvier n'a pas même une miette à se mettre sous la dent... Il vivote en rédigeant des articles pour les journaux japonais, en photographiant son entourage, ses voisins, les commerçants d'Araki-chô, le quartier où il habite. Les temps sont durs au Japon dans ces années, "... la vie " y "était frugale et picaresque", écrira-t-il plus tard. Ses clients qui ne sont autres que des petits commerçants ou ses propres voisins sont souvent aussi pauvres que lui. Ils le paient en nature, des oeufs, une séance de massage, un timbre-poste... Mais bientôt les magazines ne lui achètent plus une ligne, il doit de l'argent à son propriétaire, il compte ses yens pour ce qui lui est indispensable au jour le jour. "Quand les choses tournent mal, c'est un simple mur qui m'a tiré d'affaire." racontera-t-il dans ses Chroniques japonaises. C'est sur son  trajet quotidien qu'il le voit. Il est face à lui quand il s'assied pour se reposer, ce long mur de béton qu'il a longé des centaines de fois devient le décor de son théâtre, les passants qui défilent en sont les personnages. Et l'espoir renaît. Installé sur une caisse, il va photographier le va-et-vient des gens, avec le mur comme toile de fond. Plusieurs jours, plusieurs films et toujours les passants le long du mur qui passent sans le voir. Sans savoir, qu'ils sont vus, photographiés par l'oeil du photographe-voyageur comme on l'a souvent écrit, par "l'oeil qui écrit" comme l'a nommé François Laut dans le magnifique ouvrage qu'il lui a consacré. Pour ma part, je préfère par le poète Nicolas Bouvier. Ses photos du mur, quartier d'Araki-chô, Tokyo, ne me contrediront certainement pas. D'ailleurs, il les a bien vendues ses photos, à des rédacteurs étonnés"Eux aussi, pendant des années, ils étaient passés devant sans le voir." 



                                                     
                                        J'ai découvert ces photos du mur dans le très beau livre
                                          Le Japon de Nicolas Bouvier aux Editions Hoëbeke.                                                               
       
                                                   

Yayoi Kusama au Centre Pompidou

  Pour la première fois, en France, une rétrospective est consacrée à l'oeuvre de Yayoi Kusama du 10 octobre 2011 au 9 janvier 2012.

                                                     
  C'est à travers 150 oeuvres choisies parmi les centaines et les centaines qu'elle ne cesse de réaliser tous les jours depuis 1949 que le Centre Georges Pompidou rend hommage à cette artiste hors du commun qu'est Yayoi Kusama. Folle? Certes. Mais surtout ne rien changer à son traitement! A la question posée par Benjamin Locoge pour Paris-Match lorsqu'il l'interviewe à Tokyo "Qu'elle est la force motrice qui vous anime?" ne répond-elle pas "Ce sont les médicaments que je prends qui me rendent créative."... 
               
   L'exposition retrace les grands moments de sa vie, ses premiers travaux, ses aquarelles
                                             
 
                  ses sculptures, son travail sur la couleur et bien sûr son motif récurrent le pois.                                                                                              


                                                                 www.centrepompidou.fr

jeudi 6 octobre 2011

Sur la route du Tôkaidô




                  Cet été, j'ai suivi les traces de millions de voyageurs sur la route du Tôkaidô. J'ai donc fait quelques pas sur la plus fameuse route du Japon de l'époque d'Edo. Les 500 km de la route qui reliait Edo (Tokyo), la ville du Shogun (chef militaire suprême) à Kyoto, où résidait l'Empereur, ont vu un va-et-vient incessant de pèlerins (tout le Japon convergeait sur le Grand Sanctuaire d'Ise pour y recevoir la grande faveur divine), d'hommes d'armes, d'estafettes galopantes, de gens de maison, les gouverneurs des provinces ou daymyô ayant pour obligation d'entretenir une résidence à Edo et d'y séjourner un an sur deux, étaient sans cesse en déplacement avec leur suite.  Paysans, citadins, bourgeois des villes, marchands, hommes de peines, femmes et enfants même, à pied, à cheval, à dos d'âne, en litière étaient sur les routes à une époque (dès la fin du16ème siècle!) où les voyages nous paraissent chargés d'incommodités presque insurmontables. Or ces routes pullulaient de monde car la sécurité était assurée sur tout le parcours, des barrières militairement gardées,  cinquante-trois postes-relais officiels y sont installés, des auberges accueillent les voyageurs. Dès lors on voit paraître de nombreux guides pratiques pour les voyageurs, récits de voyages et séries de gravures représentant le Tôkaidô.
Les cinquante-trois Stations de la Route du Tôkaidô en est certainement la plus célèbre. Cette série d'estampes (ukiyo-e) a été composée par Hiroshige en 1832 après qu'il eût entrepris de refaire les chemins qu'il avait parcourus avec les cortèges officiels dans son enfance, on s'émerveille devant chaque tableau de son amour de la nature, de son sens du détail et du pittoresque.




                                 
Quant aux récits de voyage, celui qui a le plus retenu mon attention est celui de Jippensha Ikku "A pied sur le Tôkaidô", grand classique japonais paru en 1802. Ce roman picaresque est un petit bijou car les deux héros de Jippensha Ikku nous emmènent dans des aventures burlesques, agrémentées de tanka comiques et poèmes satiriques et illustrées en leurs temps par de grands artistes. Il est à noter que la traduction colle de près au texte original et les nombreuses notes nous sont précieuses.




                                                                                 
En 1965, quand Nicolas Bouvier fait à pied cette même route, il traverse la campagne : "Je descends de Tokyo à Kyoto, à petite allure, suivant à pied le tracé de l'ancienne route impériale qui reliait les deux capitales et passe aujourd'hui par les champs". Avec Hiroshige pour guide.


                                                        
L'an dernier un petit robot a également fait cette route, "à pied"!!?? En effet, afin de prouver l'endurance de ses batteries, le robot mascotte Evolta de Panasonic a effectué ce périple en 49 jours, son design le faisant ressembler à un ancien marchand tirant une charrette.

                                                    
Aussi, lorsque lors de notre dernier séjour à Tokyo j'ai tenu à voir le point de départ de cette route (le pont de Nihombashi) et la première station relais Shinagawa-syuku, imaginez ma déception...  Aujourd'hui à Tokyo, tout est noyé dans le béton, quelques jolis panneaux et étendards m'ont rassurée, oui c'était bien là... 



                                             





    
Quelques tronçons de route pavée subsistent encore dans la campagne...                                      
                                          

Heureusement, grâce à ceux qui ont fait "galoper leur pinceau sur cette chaussée pour lui donner quelque réputation", je continue à y voir samouraïs, vagabonds, moines errants, aubergistes, "empileuses de riz"(joli nom pour les prostituées)...