jeudi 13 octobre 2011

Le mur de Nicolas Bouvier

"Le voyageur", écrit Nicolas Bouvier, "vit d'instants volés, de reflets, de menus présents, d'aubaines et de miettes."
                                           
  En 1956, à Tokyo, certains jours, Nicolas Bouvier n'a pas même une miette à se mettre sous la dent... Il vivote en rédigeant des articles pour les journaux japonais, en photographiant son entourage, ses voisins, les commerçants d'Araki-chô, le quartier où il habite. Les temps sont durs au Japon dans ces années, "... la vie " y "était frugale et picaresque", écrira-t-il plus tard. Ses clients qui ne sont autres que des petits commerçants ou ses propres voisins sont souvent aussi pauvres que lui. Ils le paient en nature, des oeufs, une séance de massage, un timbre-poste... Mais bientôt les magazines ne lui achètent plus une ligne, il doit de l'argent à son propriétaire, il compte ses yens pour ce qui lui est indispensable au jour le jour. "Quand les choses tournent mal, c'est un simple mur qui m'a tiré d'affaire." racontera-t-il dans ses Chroniques japonaises. C'est sur son  trajet quotidien qu'il le voit. Il est face à lui quand il s'assied pour se reposer, ce long mur de béton qu'il a longé des centaines de fois devient le décor de son théâtre, les passants qui défilent en sont les personnages. Et l'espoir renaît. Installé sur une caisse, il va photographier le va-et-vient des gens, avec le mur comme toile de fond. Plusieurs jours, plusieurs films et toujours les passants le long du mur qui passent sans le voir. Sans savoir, qu'ils sont vus, photographiés par l'oeil du photographe-voyageur comme on l'a souvent écrit, par "l'oeil qui écrit" comme l'a nommé François Laut dans le magnifique ouvrage qu'il lui a consacré. Pour ma part, je préfère par le poète Nicolas Bouvier. Ses photos du mur, quartier d'Araki-chô, Tokyo, ne me contrediront certainement pas. D'ailleurs, il les a bien vendues ses photos, à des rédacteurs étonnés"Eux aussi, pendant des années, ils étaient passés devant sans le voir." 



                                                     
                                        J'ai découvert ces photos du mur dans le très beau livre
                                          Le Japon de Nicolas Bouvier aux Editions Hoëbeke.                                                               
       
                                                   

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire